Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte

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12 octobre en solidarité avec la tribu Yaqui

octobre 2014

Aux compañeros et compañeras de la Tribu Yaqui

A l’EZLN, au Congres National Indígène et à la Sexta

Au réseau contre la répression et pour la solidarité, et à la campagne de
solidarité avec les Yaquis "Namakasia"

A Mario Luna et Fernando Jiménez, prisonniers de lutte

Avec toutes nos pensées pour les mort.e.s et les disparu.e.s d’Ayotzinapa

- 
Ola compañeros et compañeras.

Dans le cadre des journées mondiales de solidarité avec la lutte yaqui,
nous vous faisons savoir que le 11 et 12 octobre dernier nous avons
distribué des tracts et commencé à diffuser par internet le communiqué de
solidarité traduit en pièce jointe, et avons expliqué la situation
actuelle des yaquis, et l’incarcération de Mario Luna et de Fernando
Jiménez, durant deux évènements organisés par le « Comité de Solidarité
avec les Indiens des Amériques-Nitassinan, en solidarité avec les
résistances autochtones dans toutes les Amériques.

L’évènement du 11 octobre était organisé sur un bateau amarré à la Seine,
dans Paris, et la parole fut aussi prise par des personnes des peuples
autochtones kali’na -plus précisément de la FOAG (Fédération des
Organisations Amérindiennes de Guyane-, originaires des territoires de la
« Guyane française » (territoire toujours aujourd’hui sous la domination
de l’Etat français, situé à côté du Vénézuela et du Surinam), afin de
dénoncer la politique génocidaire du gouvernement français, et la
contamination des rivières par le cyanure. Des compas des peuples
autochtones du Brésil nous ont aussi apporté leur parole et leurs images,
et des compas dineh (navajo) nous ont quant à eux raconté la spoliation
touristique de leurs montagnes sacrées, "Dook’o’oosłííd"(« the san
francisco peaks »), avant de donner un concert avec leur groupe, « Sihasin
 ». La journée était organisée en solidarité avec le prisonnier politique
Léonard Peltier, emprisonné depuis maintenant près de 39 ans, mais nous y avons également mentionnée le massacre opéré récemment à Ayotzinapa, et la situation de nos compas yaquis, qui avaient accueilli entre le 11 et le 14 octobre 2007 les premières rencontres des peuples autochtones des Amériques.

Le 12 octobre, les résistances indigènes des Amériques furent à nouveau
célébrées par des concerts, cette fois-ci au « centre international des
cultures populaires » de Paris, sous l’invitation de la « commission
contre-culture », et les compas dineh (navajo) qui y étaient invités y
dénoncèrent à cette occasion le « Jour de Christophe Colomb », et tous les
symboles encore présents aujourd’hui aux Etats-Unis glorifiant la mémoire
du massacre des peuples originaires. D’autres personnes originaires
d’Amérique latine prirent la parole, et nous avons diffusé de nouveau ce
qui se passe en ce moment sur le territoire yaqui.

En cette date si symbolique, nos compas dineh de la famille Benally
réalisèrent également un acte fort, en donnant la parole à un français
qu’ils avaient hébergé cet été, et qui, il y a six mois de cela avait été
gravement blessé, lui et son compagnon homosexuel, à cause de la violence homophobe d’un jeune qui les attaqua. Il raconta comment, au contraire, au sein de la tribu dineh il fut accueilli et respecté dans sa différence, signe là-bas de pouvoir magique, car cela correspondrait à quelqu’un possédant deux esprit, l’un homme et l’autre femme, dans un même corps. Il remercia donc par un poème ceux de la tribu dineh ainsi que la lutte des peuples indigènes, pour leur attention aux différences et aux minorités du monde entier.

Bien… comme vous le voyez, bien que notre diffusion et nos actions de
solidarités soient limitées, nous arrivons tout au moins à partager durant
ces petits évènements différentes histoires d’oppression et de lutte, et
de la vôtre tout comme de différentes autres, nous apprenons beaucoup.
Nous espérons que cela portera ses fruits, et puisse permettre de nous
connaître, de nous rapprocher et de construire plus de solidarités entre
nous tout-e-s dans le futur.

Nous envoyons donc nos salutations et nos embrassades combatives à Mario Luna, à Fernando Jimenez et à toute la tribu yaqui en résistance, ainsi que nos condoléances et notre solidarité avec les étudiants d’Ayotzinapa et leurs familles, qui doivent faire face à tant d’horreur, tant d’impunité et tant d’injustice. Nous chercherons comment faire vivre leur
présence et témoigner de notre solidarité durant la prochaine fête des
morts. Vous êtes tous dans nos cœurs. Embrassades.

Sans commentaires supplémentaires pour le moment…

Comité de Solidarité avec les Peuples du Chiapas en Lutte (CSPCL)

Communiqué de solidarité avec la lutte yaqui.

Le 11 septembre dernier, Mario Luna, secrétaire des autorités traditionnelles de la Tribu yaqui (Sonora, nord du Mexique) était arrêté par la police de l’Etat de l’Etat du Sonora alors qu’il se trouvait dans la ville de Ciudad Obregon, avant d’être transféré par hélicoptère et incarcéré dans le Cereso n°2 de la ville d’Hermosillo. Le 23 septembre dernier, c’est Fernando Jiménez Gutiérrez, un autre membre de la tribu yaqui, qui subissait le même sort. Tous deux étaient parmi les porte-parole les plus visibles de la lutte engagée depuis 2010 par la Tribu Yaqui contre la spoliation de ses cours d’eau et l’assèchement du fleuve Yaqui, du fait de la construction par le gouvernement du Sonora, en amont du fleuve, d’un barrage et d’un aqueduc de 175 kilomètres de long, qui en détourne les eaux au bénéfice des zones industrielles et de différents complexes résidentiels de la ville d’Hermosillo, capitale de l’Etat.

Au long de ces cinq derniers siècles, les yaquis ont été parmi les peuples indiens ayant combattu le plus durement pour la conservation de leur autonomie politique et territoriale, ce qui leur a valu de subir de sanglantes campagnes d’extermination à la fin du 19e siècle, et la déportation de milliers d’entre eux au début du 20e siècle vers le sud du Mexique, condamnés aux travaux forcés sur les plantations de tabac et de sisal des grands propriétaires mexicains, européens et américains. Plus récemment, c’est sur leur territoire qu’ont été organisées, en octobre 2007, les premières rencontres continentales des peuples indiens d’Amérique, avec le concours du Congrès National Indigène et des zapatistes.

Aujourd’hui, avec l’assèchement de leur fleuve sacré, c’est leur autonomie alimentaire et le maintien de leur existence sur leurs propres terres qui se retrouvent à nouveau menacés. Bien que la tribu ait gagnée tous les recours juridiques opposés contre la construction de l’aqueduc par le gouvernement du Sonora, le chantier s’est poursuivi, et leurs eaux sont spoliées dans l’impunité la plus totale. Face à cela, la tribu a recouru à des blocages d’autoroute périodiques et a organisé de nombreux forums de défense de l’eau pour faire entendre sa voix. C’est cette voix et cette résistance que Guillermo Padrés Elías, gouverneur du Sonora cherche aujourd’hui à faire taire, afin d’éteindre les scandales qui l’éclaboussent en ce moment (découverte d’un barrage agricole privé sur ses terres et pollution par les entreprises minières des eaux du fleuve Sonora).

En ce 12 octobre, journée de solidarité internationale avec les résistances des peuples amérindiens, nous exprimons tout notre soutien à la lutte entreprise par la Tribu yaqui pour la défense de ses eaux et de son autonomie politique et territoriale. Aux côtés du Congrès National Indigène, de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale et des compas de la Sexta du Mexique et du monde entier, nous exigeons la libération immédiate de Mario Luna Romero et de Fernando Jiménez Gutiérrez, porte-paroles de la lutte pour la sauvegarde du fleuve Yaqui, ainsi que l’arrêt du harcèlement judiciaire et policier à l’œuvre contre les Troupes et les Brigades de défense de l’eau de la Tribu Yaqui.

Nous exigeons l’arrêt effectif des travaux de construction de l’aqueduc « Independencia » -ce qui a déjà été exigé par la Cour Suprême de Justice de la Nation mexicaine, et l’arrêt de la spoliation des eaux du fleuve Yaqui par le gouvernement de l’Etat du Sonora et les multinationales de l’industrie et du bâtiment.

Nous réaffirmons aussi notre profonde douleur et exprimons toutes nos
condoléances envers les dizaines d’étudiants de l’Ecole Normale Rurale
d’Ayotzinapa que les autorités de la ville d’Iguala (Guerrero) et les
cartels de la drogue, protégés par tous les niveaux du gouvernement
mexicain, ont massacré et fait disparaitre le 26 septembre dernier ; ainsi
qu’une pensée pour tous les morts et tous les disparus des peuples indiens
du Mexique et de toutes les Amériques. Nous exigeons enfin l’arrêt des
persécutions et la libération immédiate de Léonard Pelletier aux
Etats-Unis, et de tous les prisonniers et prisonnières du Congrès National
Indigène au Mexique.

VIVE LA LUTTE DU PEUPLE YAQUI POUR LA SAUVEGARDE DE SES EAUX,
DE SON TERRITOIRE ET DE SON AUTONOMIE !

VIVE LE CONGRES NATIONAL INDIGENE, ET LA SOLIDARITE ENTRE TOUS LES PEUPLES DU MONDE !

VIVE LA SEXTA ET L’ARMEE ZAPATISTE DE LIBERATION NATIONALE !

Signatures : Comité de Solidaridad con Los Pueblos de Chiapas en Lucha (Paris, Francia), Comité de Solidaridad con los Indígenas de las Américas-Nitassinan (Francia), Secretaria Internacional de la Confederación Nacional del Trabajo (Francia), federación SUD Educación (Francia), Unión sindical “Solidaires”(Francia), asociación berberí Tamazgha (Paris, Francia), Alternativa Libertaria (Francia), Federación Anarquista (Francia), colectivo “Grains de sable” (Francia/México)