Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte

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Le mardi 8 juin avec la caravane "Bety Cariño y Jyri Jaakkola" pour la commune autonome de San Juan Copala

Pas besoin de permission pour être libre et solidaire

rassemblement devant l’ambassade du Mexique à Paris de 16 heures à 20 heures (métro Iéna)

samedi 5 juin 2010

Pas besoin de permission pour être libre et solidaire
Autonomie, rage et solidarité sont nos armes

Dans l’État d’Oaxaca le 27 avril 2010, une caravane de solidarité formée par des membres d’organisations civiles mexicaines et internationales a été attaquée sur le chemin vers la communauté indienne autonome de San Juan Copala. Une vingtaine de paramilitaires de l’organisation Ubisort (Union pour le bien-être social de la région triqui) affiliée au parti au pouvoir dans l’État, le PRI (Parti révolutionnaire institutionnel), a mitraillé le convoi, faisant deux morts et une quinzaine de blessés. Beatríz Cariño Trujillo, directrice du collectif CACTUS, et Jyri Antero Jaakkola, observateur international finlandais, ont été assassinés dans cette embuscade meurtrière et préméditée. La caravane de solidarité avait pour but de briser le siège établi autour de San Juan Copala depuis octobre 2009 ; siège exercé pour anéantir le processus d’autonomie proclamé et mis en pratique depuis janvier 2007 par l’assemblée communale.

Le 20 mai 2010, un énième épisode de violence marque le climat de terreur de cette région : l’assassinat de Tleriberta Castro et de son époux, Timoteo Alejandro Ramírez, référent moral, porte-parole et fondateur du municipio autonomo de San Juan Copala et un des principaux dirigeants du Mouvement d’unification et de la lutte triqui indépendant (MULTI). Mais le silence ne peut pas être imposé par le bruit des armes : les autorités de la commune autonome de San Juan Copala convoquent une deuxième Caravane humanitaire appelée "Bety Cariño y Jyri Jaakkola" qui partira le 8 juin 2010, avec le but de rompre le siège des paramilitaires et d’apporter notre solidarité aux 70 familles qui survivent actuellement dans des conditions très difficiles, sans accès à l’eau, sans électricité et en manque d’aliments. En France et partout dans le monde, plusieurs collectifs ont décidé d’accompagner symboliquement cette caravane le 8 juin 2010 par des actions, piquets et manifestations.

Particulièrement violente au Mexique, cette stratégie de répression-criminalisation contre la solidarité avec les luttes sociales tend à se généraliser. Ici aussi, la répression frappe les personnes qui s’engagent dans une solidarité active, notamment avec les sans-papiers, qu’elles soient accusées d’avoir hébergé des clandestins ou d’avoir saboté des distributeurs automatiques de billets appartenant à des banques qui dénoncent leurs clients sans papiers.

Au large de Gaza, le gouvernement israélien, qui n’a rien à envier à ceux d’Iran ou de Syrie en matière de terrorisme d’État et de censure, vient d’adresser un message des plus menaçants à tous les internationaux qui voudraient faire preuve de solidarité envers la population palestinienne : Tsahal n’hésitera pas à réprimer dans le sang quiconque contrariera le colonialisme sioniste.

Dans un monde toujours plus policé et contrôlé, aucune aspérité ne doit émerger. Partout où la révolte sociale refusera de se laisser manipuler, les États, les justices, les flics, les médias officiels feront leur possible pour éliminer, notamment par la terreur, toute volonté de résistance et de solidarité avec ceux qui osent encore se rebeller. Cela n’a rien d’étonnant car le jeu du pouvoir est en fait très efficace : atomiser et individualiser la majorité du peuple dans un modèle de consommation et de dépendance qui limite la liberté des personnes à se retrouver, à discuter, à jouer, à s’aimer, enfin à vivre et à partager ensemble. Les espaces communs tels que les places, les rues, les jardins, les friches, sont de plus en plus transformés pour laisser place aux symboles du grand marché économico-gourmand où tout est à payer avec son emballage propre et aux normes d’hygiène et de sécurité.

Mais la nécessité de la solidarité et du partage fleurit encore là où ils ne l’attendent pas. Que ce soit pour un campement de Rroms menacé d’expulsion, pour une maison occupée, pour un sans-papiers raflé, pour un travailleur licencié, pour une femme agressée, pour un chômeur en galère, pour un jeune de cité battu par les flics, pour une population bombardée comme en Palestine ou pour toutes les femmes et tous les hommes abandonnés dans une prison, pour tous ceux-là, nos chemins de rébellion et de solidarité continueront à s’enraciner.

Partout sur cette planète, une même logique de course aux profits et au pouvoir pressure les milliards d’humains qui n’ont pas la "chance" d’être riches. Partout des politiciens de tous bords essaient de nous endormir avec leurs belles paroles, mais aussi de récupérer toute démarche de protestation. Partout, des exploités résistent en expérimentant des formes d’autonomie et d’auto-organisation afin de ne plus se faire maquer par des récupérateurs professionnels se posant en médiateurs représentant la base. Partout, ces luttes cherchent à tisser des liens de solidarité active pour mieux se défendre. C’est aussi pour tout cela, pour la nécessité de la solidarité, pour le besoin urgent de construire d’autres espaces, ici et maintenant, dans des territoires libres, émancipés et sans limites, qu’on appelle toutes les personnes solidaires en bas et à gauche, le 8 juin 2010, à une journée de mobilisation internationale qui coïncide avec le départ de la caravane de solidarité pour San Juan Copala dans l’État d’Oaxaca.

Parce ce que, pour être libres et solidaires, on n’a pas besoin de permission !

Rassemblement devant l’ambassade du Mexique à Paris,
le mardi 8 juin de 16 heures à 20 heures (métro Iéna)

Comité de solidarité avec les Indiens des Amériques (CSIA),
Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte (CSPCL),
Secrétariat international de la CNT,
Les Trois Passants,
Union syndicale Solidaires,
Fédération Sud Education,
Tierra y Libertad para Arauco,
Diren Istanbul "Résistance Istanbul"
CALPA (coordination de soutien aux luttes du peuple argentin)