Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte

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Déclaration du CBG "Hacia la Esperanza"

Le Conseil de Bon Gouvernement de La Realidad dénonce des menaces de mort avec arme à feu, le vol de produits, la spoliation et une tentative d’homicide contre des bases de soutien zapatistes

Conseil de bon gouvernement de La Realidad

samedi 22 octobre 2011

Caracol 1 Mère des caracoles Mer de nos rêves
Conseil de bon gouvernement Vers l’espérance, zone jungle frontalière

12 octobre 2011.

À la société civile nationale et internationale,
Aux compañeras et compañeros de La otra campaña nationale et internationale,
Aux compañeras et compañeros de la Zezta Internationale,
Aux organismes indépendants de droits humains,
Aux médias alternatifs,
À la presse nationale et internationale,
Aux sœurs et frères du Mexique et du monde,

Sœurs, frères, compañeras et compañeros, le Conseil de bon gouvernement Vers l’espérance, dont le siège est à La Realidad Trinidad, dénonce publiquement les menaces de mort avec armes à feu, le vol de produits, la spoliation et la tentative d’homicide que sont en train de vivre nos compañeros et compañeras bases de soutien zapatistes de la part d’un groupe de personnes des exploitations agricoles voisines du terrain récupéré Che Guevara d’une superficie de 30 hectares, dans la Commune autonome Terre et Liberté, où ont pris position nos compañeras et compañeros.

Les 6, 7 et 8 octobre de l’année en cours, MM. Eladio Pérez, son épouse et son fils Yobani Pérez, Filadelfo Salas, son épouse et un de ses enfants, et six autres travailleurs dont nous ignorons les noms, sont venus voler du café sur deux hectares, et deux autres hectares ont été pillés par Olegario Roblero et Ángel Roblero. Ces plantations de café sont travaillées par nos compañeros et compañeras, mais ces personnes le cueillent vert parce que ce n’est pas encore le temps de la récolte ; c’est ce qui est en train de se passer sur le terrain récupéré Che Guevara connu comme Rancho La Paz situé sur la municipalité officielle de Motocintla, Chiapas.

Le 10 du même mois, à partir de 7 heures du matin, MM. Eladio Pérez, Guillermo Salas, Yobani Pérez, Sotero Salas, Eusetis Oseguera et deux autres travailleurs sont entrés sur le terrain avec l’intention de cueillir du café. Les compañeras du village Che Guevara se sont organisées et n’ont pas permis à ces personnes de continuer à voler du café.

Quand les compañeras et compañeros s’apprêtaient à cueillir leur café, ils ont entendu sur leurs terrains les voix d’autres personnes, ils se sont approchés et ils ont vu deux personnes, Bersain Escobar et son frère Misael Escobar. Les compañeras ont demandé à ces personnes de se retirer, mais celles-ci n’en ont pas tenu compte. Misael Escobar a sorti un pistolet calibre .22 et une machette, et ils ont agressé les compañeras.

Notre compañera Martha Zunun Mazariegos, base de soutien zapatiste, a été agressée à la machette, ils lui ont donné un coup à la gorge avec le plat de la lame et un coup de pied à la jambe qui l’ont fait tomber par terre, et une fois relevée, elle a été visée avec le pistolet par Misael Escobar.

La compañera Julia Aguilar a reçu un coup de plat de machette à la tête, un autre au bras qui a causé une légère blessure, et un coup de pied à l’abdomen qui l’a jetée à terre.

La compañera Guadalupe, 75 ans, a été agressée par M. Bersain Escobar, qui l’a poussée à plusieurs reprises et menacée de mort.

M. Misael Escobar a tiré trois fois en l’air pour intimider nos compañeras. Ensuite sont arrivés six compañeros bases de soutien pour aider les compañeras et empêcher qu’on continue à les frapper. Ces deux personnes ont menacé nos compañeros, en leur disant qu’ils allaient les éliminer l’un après l’autre.

Le mardi 11 octobre, à quatre heures et demie du matin, notre compañero base de soutien zapatiste Ángel Hernández Hernández, de Che Guevara, attendait le bus à la déviation du Rancho La Paz, quand se sont approchées de lui trois personnes du nom de Misael Escobar, Bersain Escobar, les mêmes qui avaient agressé nos compañeras la veille, et un de leur frère dont nous ne connaissons pas le prénom. Ces trois personnes ont attrapé notre compañero par le cou et par les mains, lui ont donné des coups violents sur tout le corps. Ensuite ils l’ont emmené à un atelier de mécanique qui appartient à Misael Escobar, à environ 75 mètres de là au croisement de Sandimas, et ont continué à le frapper avec beaucoup d’agressivité. Quand ces personnes ont vu qu’il était inconscient à force de coups, elles ont décidé de le jeter dans la grande rivière de La Paz qui se trouve à une centaine de mètres, pour que sa famille ignore où il se trouvait. Mais une femme qui était avec eux est intervenue et a demandé à ces délinquants de ne pas le faire.

Après l’avoir frappé, ils ont dit qu’ils allaient tuer un autre de nos compañeros du nom de Manuel Barrios.

Ces personnes sont dirigées par Silvano Bartolomé et Guillermo Pompilio Gálvez Pinto, qui sont les promoteurs de ces actions cruelles et inhumaines, ainsi que par les trois niveaux de gouvernement, le municipal, celui de l’État et celui de la Fédération, qui organisent et manipulent les gens pour provoquer les bases de soutien zapatistes.

Frères et sœurs, compañeras et compañeros, nous, les zapatistes, nous dénonçons ces personnes et ces instances gouvernementales qui nous provoquent. Les actes délictueux de ces personnes nous remplissent de colère et d’indignation, plus encore quand les instances gouvernementales à qui il incombe de faire justice omettent de le faire et laissent régner l’impunité.

Malheureusement, les niveaux de gouvernement, Rodolfo Suárez Aceituno, président municipal de Motocintla, Chiapas, Juan Sabines Guerrero [gouverneur de l’État, NdT] et Felipe Calderón Hinojosa [président de la République, NdT] sont les mêmes acteurs intellectuels qui soutiennent ces actes criminels tels que celui que nous dénonçons aujourd’hui, où nos compañeras ont été agressées à l’arme blanche et à l’arme à feu, et où il y a eu tentative d’homicide d’un de nos compañeros zapatistes. Pour nous, c’est un grave délit que ces personnes ont commis, c’est pourquoi nous exigeons des autorités concernées qu’elles fassent justice, puisque nous voyons clairement que ces personnes sont des criminels. Nous en avons assez de ce que fait le mauvais gouvernement : il emprisonne les innocents, et les criminels comme ces personnes vont où ils veulent, en toute liberté, sans que personne ne fasse rien.

Ces personnes pensent sans doute qu’avec ces actions elles vont nous intimider, et obtenir ainsi que nos compañer@s abandonnent les terres que nous avons réussi à obtenir grâce au sang de nos compañeros tombés en 1994. Nous leur disons clairement que nous n’allons pas nous rendre, que nous allons défendre cette terre quoi qu’il arrive, et si le gouvernement ne fait rien et que la seule option qu’il nous laisse est de la défendre avec notre propre vie, nous serons heureux de la donner.

Nous rendons Bersain Escobar et Misael Escobar, en plus de Guillermo Pompilio Gálvez Pinto et de Silvano Bartolomé, responsables de tout ce qui pourrait attenter à la vie et à l’intégrité de nos compañeras et compañeros bases de soutien de l’EZLN.

Si Rodolfo Suárez, Juan Sabines et Felipe Calderón ne font rien, ils seront responsables si quelque chose arrivait à nos compañeros et compañeras, et ils seront complices de ces délinquants.

Ils savent bien que nos compañeros ne sont pas seuls. Ça nous fait rire quand Guillermo Salas et Carmela Oseguera disent que l’EZLN, c’est fini ; n’y pensez même pas, parce que nous, les zapatistes, nous ne nous vendons pas pour les cochonneries qu’offre Juan Sabines Guerrero, et nous nous vendons encore moins pour recevoir les restes de ce qu’il n’arrive pas à avaler.

En tant que Conseil de bon gouvernement, avec les communes autonomes rebelles zapatistes, nous allons suivre de très près ce qui arrive à nos compañeras et compañeros.

Bien à vous

Conseil de bon gouvernement Vers l’espérance, zone jungle frontalière

Yoni,
Elmer,
Madeli,
Danndi.

Traduit par el Viejo.