Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte

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Communiqué de solidarité avec la lutte yaqui

dimanche 12 octobre 2014

Le 11 septembre dernier, Mario Luna, secrétaire des autorités traditionnelles de la Tribu yaqui (Sonora, nord du Mexique) était arrêté par la police de l’Etat du Sonora alors qu’il se trouvait dans la ville de Ciudad Obregon, avant d’être transféré par hélicoptère et incarcéré dans le Cereso n°2 de la ville d’Hermosillo. Le 23 septembre dernier, c’est Fernando Jiménez Gutiérrez, un autre membre de la tribu yaqui, qui subissait le même sort. Tous deux étaient parmi les porte-parole les plus visibles de la lutte engagée depuis une dizaine d’année par la Tribu Yaqui contre la spoliation de ses cours d’eau et l’assèchement du fleuve Yaqui, du fait de la construction par le gouvernement du Sonora, en amont du fleuve, d’un barrage et d’un aqueduc de 175 kilomètres de long, qui en détourne les eaux au bénéfice des zones industrielles et de différents complexes résidentiels de la ville d’Hermosillo, capitale de l’Etat.

Au long de ces cinq derniers siècles, les yaquis ont été parmi les peuples indiens ayant combattu le plus durement pour la conservation de leur autonomie politique et territoriale. Cela leur a valu de subir de sanglantes campagnes d’extermination au milieu du 19e siècle, et la déportation de milliers d’entre eux au début du 20e siècle vers le sud du Mexique, condamnés aux travaux forcés sur les plantations de tabac et de sisal (une variété d’agave) des grands propriétaires mexicains, européens et américains. Plus récemment, c’est sur leur territoire qu’ont été organisées, en octobre 2007, les premières rencontres continentales des peuples indiens d’Amérique (rencontres de Vicam), avec le concours du Congrès National Indigène et des zapatistes.

Aujourd’hui, avec l’assèchement de leur fleuve sacré, c’est leur autonomie alimentaire et le maintien de leur existence sur leurs propres terres qui se trouvent à nouveau menacés. Bien que la tribu ait gagné tous les recours juridiques opposés à la construction de l’aqueduc par le gouvernement du Sonora, le chantier s’est poursuivi, et leurs eaux sont spoliées dans l’impunité la plus totale. Face à cela, la tribu a eut recourt à des blocages d’autoroute périodiques et a organisé de nombreux forums de défense de l’eau pour faire entendre sa voix. C’est cette voix et cette résistance que Guillermo Padrés Elías, gouverneur du Sonora cherche aujourd’hui à faire taire, afin d’éteindre les scandales qui l’éclaboussent en ce moment (découverte d’un barrage agricole privé sur ses terres et pollution par les entreprises minières des eaux du fleuve Sonora).

En lien avec la célébration ce 12 octobre de la journée de solidarité internationale avec les résistances des peuples amérindiens, nous exprimons tout notre soutien à la lutte entreprise par la Tribu yaqui pour la défense de ses eaux et de son autonomie politique et territoriale. Aux côtés du Congrès National Indigène, de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale et des compas de la Sexta du Mexique et du monde entier, nous exigeons la libération immédiate de Mario Luna Romero et de Fernando Jiménez Gutiérrez, porte-paroles de la lutte pour la sauvegarde du fleuve Yaqui, ainsi que l’arrêt du harcèlement judiciaire et policier à l’œuvre contre les Troupes et les Brigades de défense de l’eau de la Tribu Yaqui.

Nous exigeons l’arrêt effectif des travaux de construction de l’aqueduc « Independencia », qui a déjà été exigé par la Cour Suprême de Justice de la Nation mexicaine, et l’arrêt de la spoliation des eaux du fleuve Yaqui par le gouvernement de l’Etat du Sonora et les multinationales de l’industrie et du bâtiment.

Nous réaffirmons aussi notre profonde douleur et exprimons toutes nos
condoléances envers les dizaines d’étudiants de l’Ecole Normale Rurale
d’Ayotzinapa que les autorités de la ville d’Iguala (Guerrero) et les
cartels de la drogue, protégés par tous les niveaux du gouvernement
mexicain, ont fait disparaitre le 26 septembre dernier ; ainsi qu’une pensée pour tous les morts et tous les disparus des peuples indiens
du Mexique et de toutes les Amériques. Nous exigeons enfin l’arrêt des
persécutions et la libération immédiate de Léonard Pelletier aux
Etats-Unis, et de tous les prisonniers et prisonnières du Congrès National
Indigène au Mexique.

VIVE LA LUTTE DU PEUPLE YAQUI POUR LA SAUVEGARDE DE SES EAUX,
DE SON TERRITOIRE ET DE SON AUTONOMIE !

VIVE LE CONGRES NATIONAL INDIGÈNE, ET LA SOLIDARITÉ ENTRE TOUS LES PEUPLES DU MONDE !

VIVE LA SEXTA ET L’ARMÉE ZAPATISTE DE LIBERATION NATIONALE !

Signatures : Comité de Solidarité avec les Peuples du Chiapas en Lutte, Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques -Nitassinan,
Secrétariat International de la Confédération National du Travail,
Fédération SUD Education, Union syndicale “Solidaires”, association berbère Tamazgha, Alternative Libertaire, Fédération Anarchiste, collectif “Grains de sable”