Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte

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Campagne totale pour la libération du compa yaqui Fidencio Aldama Pérez !

lundi 9 novembre 2020

Campagne totale pour la libération de Fidencio Aldama Pérez

Au Congrès National Indigène – Conseil Indigène de Gouvernement
Aux communautés qui défendent l’eau, le territoire et la vie
Aux réseaux de résistance et rébellion, ou quel que soit leur nom
A la Sexta nationale et internationale
Au réseau contre la répression et pour la solidarité

Compañerxs

Nous nous dirigeons auprès de celles et ceux qui luttent contre le système pour le détruire, et pas pour entrer dans des négociations avec ses représentants, ni pour demander à être reçu par tel ou tel fonctionnaire. Nous savons que la bouche des gouvernements est remplie de mensonges, et que de ceux d’en-haut nous ne pouvons attendre que le mépris, le mensonge et la trahison. Nous n’avons rien à demander à ceux qui nous ont tout pris, parce que c’est contre eux que porte notre lutte.

Nous nous dirigeons vers vous parce que nous savons que dans votre oreille notre parole sera écoutée ; qu’en vos compagnies nous trouverons le soutien que seul peuvent donner ceux qui luttent ; nous savons que vous, vous pourrez amener à d’autres géographies les causes pour lesquelles lutte le digne peuple et la Nation yaqui : pour l’eau, pour la terre, contre les mégaprojets, pour la vie et pour la libération de Fidencio Aldama Pérez.

En avril 2016, le village yaqui de Loma de Bácum a fait valoir un recours juridique contre la construction d’un gazoduc qui devrait traverser 90 kilomètres de la région, le long du segment Guaymas-Oro. Depuis lors les menaces contre les habitants se sont intensifiées et le problème reste irrésolu.

Le projet prétendait faire construire 835 kilomètres de gazoduc au travers des Etats mexicains de Sonora et de Sinaloa, afin d’amener le gaz naturel depuis l’Arizona jusqu’aux Etats de l’ouest du Mexique. Cependant le second segment a été mis en berne du fait de la négative des habitants à ce que leur territoire soit affecté par un chantier qui ne leur apporterait aucun bénéfice, mais au contraire affecterait leur mode de vie. Par le biais d’une fausse « consultation » et en vulnérabilisant les principes établis par la Convention 169 de l’OIT, sept des huit villages qui composent la Nation yaqui avaient donné leur « consentement » ; malgré cela, et après avoir démontré que l’opinion de tous les habitants n’avait pas été prise en compte et que ceux-ci n’avaient pas été informés de manière véridique, claire et avec suffisamment de détails sur les caractéristiques de ces chantiers, malgré le consentement donné par sept des huit tribus qui composent la tribu yaqui dans la région, les chantiers ont été arrêtés.

La construction, qui était à la charge de l’entreprise Infraestructura Energética Nova (Ienova), avait commencé en 2013, mais a été suspendue en 2016 suite à l’obtention par les habitants de Loma de Bácum d’un jugement en leur faveur de la part du Septième Tribunal de District situé à Ciudad Obregón. Et une escalade de menaces s’est alors développée contre les habitants afin qu’ils renoncent à la défense de leur territoire.

Entre mensonges, menaces et assassinats, a alors commencée une campagne de calomnies contre les opposants au gazoduc, ainsi que la répartition de pots-de-vins aux « leaders » de ceux qui avaient « accepté » que soit installé le gazoduc. Entre avril et octobre 2016 différents actes de violence ont été perpétrés contre la communauté : la mère d’une autre compañera a été la cible de tirs d’armes à feu, et l’un de ses cousins a été assassiné ; les menaces ont continué ; et rien ne semblait arrêter l’entreprise et le gouvernement dans leur objectif d’éliminer le dernier obstacle empêchant la construction du gazoduc.
 
Et c’est là que le 21 octobre 2016, des personnes armées, amenées depuis d’autres villages, sont entrées dans Loma de Bácum et ont provoqué une agression contre l’assemblée, en prétendant faire passer cela comme un « affrontement entre communautés » qui sont pour ou contre le gazoduc, en « faveur ou contre le progrès » ; interviewées, certaines des personnes amenées sur place ont fait connaître leurs raisons : le gouvernement du Sonora et le gouvernement fédéral les avaient menacé de suspendre tous les programmes sociaux.

De plus, la tribu yaqui a des us et coutumes ancestraux pour résoudre ses différends. De par la loi, et par les droits consacrés par la constitution depuis 1917, les yaquis ont un gouvernement nommé par la communauté, et ce sont eux qui définissent leurs autorités traditionnelles, qui nomment leurs gardiens et qui établissent les sanctions pour les infractions aux règles communautaires ; toutes et chacune de ses grandes décisions sont adoptées après de longs processus de consultation interne, et ce n’est que lorsque toutes les communautés sont d’accord que sont pris les accords ; c’est-à-dire que si une seule des communautés maintient son opposition, le gazoduc ne pourrait pas avancer.

L’agression contre Loma de Bácum a eu pour conséquence la mort d’une personne, victime d’une balle de calibre 22. Six jours plus tard, la police de l’Etat de Sonora séquestre Fidencio Aldama Pérez, membre de la garde traditionnelle de Loma de Bácum, accusé sans que des témoins ne le désignent, sans preuve de sa participation aux faits, et sans expliquer comment l’arme qu’il portait alors LEGALEMENT, un calibre 45, ait pu tirer un projectile de calibre 22.

Le jugement contre le compañero Fidencio Aldama Pérez a été rempli d’irrégularités ; personne ne l’accuse d’être auteur du crime, et aucun témoin n’indique l’avoir vu tirer avec son arme ; aucune preuve balistique n’indique l’existence d’une trajectoire possible entre le lieu où se trouvait le mort et celui où se trouvait le membre de la garde traditionnelle. Des preuves ? : aucune. Selon la loi, c’est à l’autorité de démontrer la culpabilité de la personne jugée, et pas à l’accusé de prouver son innocence ; mais les lois tordues, les autorités vénales, les juges corrompus et les gouvernements au service de ceux d’en-haut sont ceux qui maintiennent notre compañero derrière les barreaux.

Il ne s’agit pas pour eux que justice soit rendue ; plus d’une fois il a été insinué, pour faire court, que si la communauté de Loma de Bácum abandonnait son recours juridique, le séquestré, qui a déjà depuis été reconnu par le gouvernement fédéral comme étant un prisonnier politique, c’est-à-dire un otage de l’Etat, serait libéré.

Les agressions contre la communauté de Lomas de Bácum n’ont pas cessé, car il s’agit de vaincre la résistance de la communauté au travers de la peur. Le 14 décembre, un commando armé a séquestré deux opposants au gazoduc.

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Compañerxs : nous savons que ce ne sera pas au travers d’une résolution légale que Fidencio pourra récupérer sa liberté ; parce qu’il n’est pas prisonnier en application d’une loi quelconque, ni pour avoir commis un délit. Fidencio reste sequestré de manière illégale et illégitime ; raison pour laquelle ce ne sera pas un avocat qui arrivera à « démontrer » son innocence. L’Etat sait que Fidencio n’est pas coupable.
Nous appelons celles et ceux qui luttent pour la vie à mentionner Fidencio dans chacun de leurs événements, dans chaque document, dans chaque action réalisée en défense de la terre, de l’eau, de la vie, contre le mauvais gouvernement et ses mégaprojets qui représentent seulement la mort pour nos peuples.

Nous appelons à une campagne TOTALE jusqu’à obtenir sa libération. A ce qu’en chaque résistance et rébellion, le nom de Fidencio soit entendu et pris en compte. Ce sera la lutte d’en bas à gauche qui obtiendra sa liberté.

Depuis les terres sacrées yaquis et d’autres géographies solidaires, nous exigeons :
Liberté pour le membre de la garde traditionnelle de Loma de Bácum, Fidencio Aldama Pérez !!

21 octobre 2020

Carmen García de Aldama et le groupe de travail pour la liberté de Fidencio Aldama Pérez

Source : Congrès National Indigène

Trad 7NubS